Slqsheuse, le métier de demain
février 1, 2022

Une slasheuse du Grand Est sachant slasher, est une entrepreneure de talent

Elles sont coachs, artistes, commerciales ou tout ça à la fois. Ayant des carrières plus aléatoires, elles s’épanouissent aujourd’hui sous la définition de slasheuses. Le Grand Est regorge de ces entrepreneures multi-tâches qui pourraient bien donner un nouveau sens à l’entrepreneuriat.

Vanesse Riehl est une jeune quarantenaire bouillonnante. “Je viens de monter mon entreprise de décoration d’intérieur et en parallèle, je suis une formation de cheffe de projet digitale”. Il faut dire que ces entrepreneurs multitâches ont tout ce qu’il faut pour entreprendre. Vanessa est ce que l’on appelle aujourd’hui, une slasheuse.

Marielle Barbe, a été la première à employer ce terme dans son livre “Profession Slasheurs, Cumuler les jobs est un métier d’avenir”. Mais être slasheur, c’est quoi ? C’est être une personne qui cumule plusieurs activités “rémunérées ou non”, explique Stéphanie Smadja, slasheuse et coach professionnelle. Comme elles, elles sont plus de plus en plus nombreuses à travailler de cette manière en France. 4,5 millions pour être exacte. Et dans le Grand Est, si elles sont moins visibles, elles n’en sont pas moins actives.

Slasher, une caractéristique féminine ?

Bien qu’aimer multiplier les activités ne soit pas une question de sexe, force est de constater que les slasheurs sont majoritairement des slasheuses. Dans son livre publié en 2017, “La guerre des générations aura-t-elle lieu” le sociologue Serge Guérin expliquait que par “nature ou par culture, les femmes sont habituées à mener plusieurs choses de front”.

Il faut dire qu’entre leur vie de famille et leur vie professionnelle, les mères mènent déjà une double vie. “J’aime être active. Mes journées ne se ressemblent pas. Je peux être mère une journée, ensuite je bifurque sur ma formation, puis sur mes projets d’entreprise. Ensuite, je vais cuisiner, et ainsi de suite… Je suis curieuse de nature” explique Vanessa, slasheuse de Strasbourg. Si elle a toujours été multi-tâche, elle s’est découvert slasheuse sur le tard. À l’occasion d’un licenciement. “J’ai fait un bilan de compétences. C’est ma coach professionnelle qui m’a mis sous le nez que j’étais multi-tâche et qui m’a parlé du slashing. Dans ma tête, je m’imaginais ces femmes qui ont un travail et qui font des soirées tupperware le soir. Je ne me voyais pas faire ça. Mais en faisant des recherches, je me suis totalement reconnue dans les slasheuses”.

Multi-tâches, hyperactives, curieuses sont des traits de caractère que l’on retrouve chez toutes les slasheuses. Ce n’est pas sans rappeler la multi-potentialité.

Les slasheuses, des multipotentielles qui s’ignorent ?

Un multipotentiel est une personne qui a tendance a s’intéresser à de nombreux domaines variés, sans lien apparent, à la fois dans sa vie professionnelle et dans ses loisirs. Et si slasher était juste la version professionnelle des multipotentiels ?

Il y a un lien. C’est d’ailleurs pour ça que de nombreuses slasheuses sont diagnostiquées Multipotentielles ou Haut Potentiel intellectuel. Cependant, tous les slasheurs ne le sont pas forcément”, explique Alexandra Renaud-Bernis. Coach professionnelle depuis 3 ans, elle s’est spécialisée dans le slashing. “J’ai majoritairement des femmes qui viennent me voir. Je travaille avec elles à comprendre qui elles sont et à se positionner dans leur vie professionnelle et personnelle. Ensuite, je leur apprends à trouver ce qui leur plait et à stimuler leur créativité. Et enfin, je travaille sur leur légitimité et le regard qu’elles se portent”. 

Le fait est qu’aujourd’hui, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à mettre leur carrière en pause pour élever leurs enfants. Elles occupent encore 80% des temps partiels. Une activité professionnelle en dent de scie qui favorise leur discrimination à l’embauche, lorsqu’elles tentent de revenir sur le marché du travail.

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Les profils atypiques, les nouveaux talents de demain ?

Les slasheuses ont donc, des compétences variées. Pourtant, encore aujourd’hui, les profils atypiques font peur aux entreprises. Surtout dans le Grand Est. “Aux Etats-Unis, c’est monnaie courante de voir une personne cumuler 2 ou 3 emplois mais ici, on considère ça comme de l’instabilité”, se désole Stéphanie Smadja, coach professionnelle.

Utiliser le terme de slasheur pourrait alors, faire évoluer les mentalités. ”Donner un nom à ce mode de vie professionnel, ça a juste permis de lui donner une connotation positive. Et donc, de voir un potentiel”, affirme Tressia. Avec l’arrivée des nouvelles générations dans le monde du travail, le rapport à celui-ci change laissant davantage d’ouverture aux profils atypiques. Les softs skills, c’est dans la pluralité des profils qu’on les apprends. Les slasheuses peuvent donc être de vrais atouts pour les entreprises”, explique Alexandra Renaud-Bernis, fondatrice de la Slasheuse Académie. Et ça, elles sont beaucoup à le faire à travers l’entrepreneuriat. 

Les slasheuses, âmes d’entrepreneures dans le Grand Est

Résilientes, indépendantes, curieuses, les slasheuses ont donc tout pour entreprendre. “On peut comparer une slasheuse a une entrepreneure. Parce qu’une cheffe d’entreprise est à la fois CEO, comptable, communicante et commerciale”, explique Tressia François-Goetz. Élevée dans une famille d’ouvriers, elle a cumulé de nombreuses expériences qui lui ont dessinées un profil atypique. “J’ai fait du tourisme aux Pays-Bas, de la vente, de la communication. J’ai été manager, puis assistante parlementaire en Moselle, le métier que j’exerce actuellement. En parallèle, je développe une application pour le monde de la petite enfance et je fais un peu de relation publique”. Selon elle, c’est la vie et sa curiosité qui l’ont amenée là où elle en est. “On a des possibilités à l’infini aujourd’hui. On n’est plus de la génération de nos parents qui ont fait le même travail toute leur vie”.

Si le Grand Est est encore frileux face à ces nouveaux profils, il se pourrait que la Covid ait changé la donne. Attention tout de même, si le cumul d’activité est autorisé pour les slasheuses, gare à ne pas dépasser les 190 heures de travail par mois.

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