novembre 25, 2021

Grand Est : la technologie pour lutter contre les violences faites aux femmes ?

Ce 25 novembre, c’est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Pour tenter de d’endiguer cette problématique, la technologie est de plus en plus prônée comme une solution viable. Mais qu’en est-il de la réalité? Entre prévention et protection, des entrepreneures du Grand Est tentent de trouver des réponses.

Et si une application était capable de vous venir en aide sans, en cas d’agression ou de violence ? C’est le projet de Clémence Jung. Jeune étudiante à l’ISCOM de Strasbourg, elle travaille depuis deux ans sur Walkare, anciennement Staysafe. « L’application sera installée sur une montre connectée. Elle aura la capacité de détecter un mot, un cri, une chute causée par un tiers ou un arrachement d’écouteur, par exemple. Elle prévient ensuite, toutes les personnes présentes dans les 100m alentour. Grâce aussi à une hotline, elle contactera directement les secours en utilisant la géolocalisation de la montre ». Une sécurité par la technologie, que l’association Ruelle de Strasbourg développe aussi pour sécuriser les femmes, lors de leurs trajets tardifs.

Fournir un outil d’alerte pour les femmes victimes de violences, lutter contre le harcèlement de rue… Il existe un peu moins d’une dizaine d’applications de ce genre en France. Les créateurs travaillent avec les victimes, pour apporter la solution la plus adaptée. « L’avantage, contrairement à un téléphone, c’est que c’est plus difficile à arracher. La victime n’a pas à faire la démarche d’appuyer sur un bouton. Quand on se fait agresser, ce n’est pas forcément notre premier réflexe. » explique Clémence.

Et les études le montrent. « Dans 95% des cas, le cerveau de la victime déclenche une paralysie sous l’effet de la peur », comme l’expliquait le Dr Muriel Salmona, psychiatre-psychothérapeute lors du colloque de la chaire santé de Sciences Po, organisé en mars dernier à Paris.

La Technologie, vraie protection ou effet d’annonce ?

À l’ère du numérique, les nouvelles technologies nous apparaissent comme une réponse à tous les maux de notre société. Préservatifs anti-viol, sous-vêtements connectés, applications de consentement mutuel ou encore, applications pour prévenir les proches qu’on est bien arrivé… Tous les sujets sont bons pour remplir notre téléphone d’applications. Et la lutte contre les violences faites aux femmes n’y fait pas exception.

En France, depuis  2015 et le lancement d’App-elles, les start-up font la course à l’innovation pour répondre à cette problématique. Pourtant, depuis les confinements, les cas de violences faites aux femmes ont augmenté de 10%.

Une étude sur l’impact réel de ses technologies avait déjà été publiée en juillet 2019 par Lesley McMillan et Deborah White, deux expertes en criminologie et sociologie américaine. Leur conclusion était simple : si les technologies permettent de réduire les risques, elles ne s’attaquent pas à la source du problème. « Seules 2% des agressions sexuelles et des viols sont commis par des étrangers. Il est peu probable qu’elles soient armées d’un préservatif à épines ou qu’elles se soient connectées à une application anti-viol, lorsqu’elles sont en présence d’une personne avec qui elles se croient en sécurité. En outre, aucune de ces innovations ne peut s’attaquer aux nuances de la coercition et de la manipulation qui caractérisent la violence conjugale, à long terme », détaillent les deux chercheures.

Lutte contre les violences faites aux femmes, priorité au suivi et à la prévention

Dans la majorité des cas donc, les victimes d’agression peinent à savoir/pouvoir se défendre. Pour Clémence Jung, créatrice de Walkare, la solution doit s’accompagner de prévention et de suivi. « En plus de l’application, on propose aux écoles et aux entreprises des ateliers d’une journée. Ceux-ci allient cours de Kraftmaga, et démarches administratives et juridiques. Là nous ne parlons pas que d’agressions faites aux femmes. Nous parlons aussi, de tous types d’agressions ».

Un suivi important, pour permettre aux victimes de sortir de la sidération que 95% d’entre elles subissent au moment de leur agression. « On a beau sortir énormément de choses, quand on se fait agresser, on est seul avec nous-même. Donc le but est aussi de permettre aux victimes de récupérer confiance et conscience ». 

+ 400% d’appels à la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences. Des jeunes femmes droguées à leur insu, dans les bars et les boîtes de nuit… Depuis le début de la pandémie, les cas de violences sur les femmes augmentent. Si les technologies ne sont pas encore la solution optimale, pour Clémence, l’important est de continuer à en parler et à développer des solutions. « Plus il y a de personnes qui s’y mettent et plus on va faire avancer le sujet des violences faites aux femmes. Faire évoluer les mentalités ».

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