Anne-Sophie Maechling-Gerner, commerçante d'une friperie
novembre 23, 2020

Anne-Sophie Maechling-Gerner : « Je suis une adepte de la friperie, de la seconde vie ! »

Amatrice de fripes et de brocante depuis toujours, Anne-Sophie Maechling-Gerner, a changé de vie professionnelle pour lui redonner du sens. Avec sa friperie, Nou’ch Fripes à Metz, elle marie son sens du commerce et ses convictions pour une consommation plus responsable.

Anne-Sophie, tu as ouvert Nou’ch Fripes en septembre, comment est né ce projet ?

Ce projet était dans un coin de ma tête depuis longtemps mais, l’idée de me lancer date de 2017. Cette crise et les difficultés économiques qui en résultent me font peur… Toutefois, proposer de la seconde main et des petits prix est une évidence ! La fripe, c’est non seulement de l’économie circulaire – on prend conscience de la valeur des vêtements qu’on ne porte plus – mais aussi, une façon de s’habiller de façon différente. Parfois même, avec de grandes marques. L’industrie textile c’est des chiffres hallucinants : entre 10 et 20 000 tonnes mises au rebut en France chaque année, une consommation qui a bondi de 60 % depuis 15 ans, 1 vêtement sur 2 qui finit en décharge. Il est temps que ça change !

D’ailleurs même les grandes enseignes se positionnent aujourd’hui dans cette mouvance du recyclage !

Oui, et je dis tant mieux ! Ce que l’on considère comme des déchets peut s’avérer être, en réalité, de réelles ressources. Même s’il s’agit parfois d’une nouvelle opportunité de business, plutôt qu’une vraie conscience écolo ; tant que c’est utile j’approuve… (rires). Pour moi, la fripe, la brocante, la seconde main, c’est ma façon de consommer depuis toujours. D’ailleurs, toute la boutique a été aménagée avec des choses réemployées, transformées, upcyclées !

Dans ton parcours professionnel, qu’est-ce qui t’a conduit à créer ton entreprise ?

Jusqu’en 2016, j’ai été salariée, comme chef de secteur en grande distribution pour des entreprises agro-alimentaires. Quand on bâtit sa vie de famille, avec des enfants, on cherche une activité solide. L’idée de me mettre à mon compte, un jour, était un doux rêve effrayant. Comme quoi (sourire) ! Mais j’ai toujours eu le sens du contact avec les clients et beaucoup d’énergie. Je suis une impatiente qui fonce.

En fait, c’est plutôt ma vie personnelle qui m’a dicté une remise en question. La perte de ma maman (surnommée Nou’ch par mon papa) a remué en moi une quête de sens, une envie d’aller vers le social, d’aider les autres. D’être en fait, en accord avec mes valeurs. Après avoir côtoyé ce milieu, notamment en tant que bénévole, chineuse et salariée, et après un gros travail de veille sur ce secteur, cette voie m’est apparue comme une évidence, refoulée depuis 20 ans.

On dirait que cette boutique te va comme un gant (sourire) !

A partir du moment où j’ai pris ma décision, j’étais tellement motivée que tout s’est enchaîné, comme un jeu de Légo. Mon mari est mon premier supporter, il est à 100% derrière moi (rires). J’ai aussi été bluffée par l’élan de solidarité et d’encouragements qui s’est mis en place dans mon entourage et mon réseau. A ce moment de mon projet, où j’avais besoin d’être rassurée, j’ai mesuré l’intérêt qu’il y avait pour ce mode de consommation. Mon business plan et les études de marché l’ont confirmé. Il ne restait donc plus, qu’à trouver le local à Metz, dans le quartier Impérial, à proximité de la gare, entre le centre commercial Muse et le centre-ville.

Comment as-tu communiqué pour l’ouverture de ta boutique, Nou’ch Fripes ? Qu’est-ce qui plaît à ta clientèle ?

Ce qui a le mieux fonctionné, ce sont les réseaux sociaux. Il y a un fort bouche-à-oreilles, dans ce secteur ! Je communique via Facebook et Instagram pour faire connaître mes nouveautés et mes événements. Ma clientèle est aussi diversifiée que mes produits ! J’ai voulu une boutique chaleureuse, accueillante mais aussi, lumineuse et aérée, plus dans l’esprit boutique que friperie désorganisée (rires). Je l’ai baptisée Nou’ch, comme abréviation de nouvelle chance. J’ai beaucoup d’étudiants, mais aussi des clients qui travaillent aux alentours et viennent à la sortie du bureau, d’autres qui traversent la ville pour dénicher de bonnes affaires, côté vêtements mais aussi côté brocante. Au-delà des petits prix, ce qui plaît c’est l’accueil, la chaleur du lieu, la profondeur de la gamme (du XXS au 4XL) et la diversité des styles, vintage ou plus actuel.

Un mois après l’ouverture, comment as-tu vécu l’annonce du deuxième confinement ? As-tu réussi à t’adapter ?

Ce n’est évidemment pas le scénario idéal, mais je crois sincèrement que cette crise va aider au changement des mentalités. Notamment, pour s’orienter vers d’autres façons de consommer. J’ai très bien démarré, au-delà même de mes prévisions, ce qui me permet de rester plus ou moins sereine. Je continue mon activité a minima, à distance et sur rendez-vous. Cette période me permet de me concentrer sur mon réseau d’approvisionnement local. J’y tiens ! Je chine auprès de petites associations et je collecte dans mon réseau grâce au Dring’n collect (je passe récupérer des dons pour leur éviter de se déplacer). La difficulté c’est de rester visible et de garder le lien avec ses clients. Alors, je publie chaque jour des nouveautés ou des silhouettes réalisée par une personal shoppeuse, sur mes réseaux sociaux. Il faut rester active et innover !

Des conseils à donner à des femmes qui veulent créer une entreprise dans le secteur de la mode ? Et à celles qui veulent changer d’activité ou saisir une nouvelle chance ?

De créer tout en s’amusant : j’ai beaucoup de chance, car tout ce que je fais, je le fais en m’amusant. Je suis fière de mon parcours et de ma boutique. Bien sûr, il faut accepter un temps une perte de revenus. Mais depuis quelque mois, je vis une vie de rêve. C’était le bon moment pour moi, à 50 ans, de me créer cette nouvelle chance. Et, je me félicite chaque jour d’avoir accepté un quotidien moins réglé. Certes, plus fatigant, plus stressant, mais tellement plus stimulant. Quand on sait ce qu’on veut, tout s’enchaine, tout est limpide. Pourtant, il faut aussi savoir sortir la tête du guidon et s’entourer d’avis d’experts. D’ailleurs, il y a de bons réseaux d’accompagnement qui mettent sur les rails, qui vous aident pour la comptabilité et la gestion d’une entreprise. Ce sont donc, des aspects à ne pas négliger.

Pour contacter Nouch’Fripes :
annesogerner@gmail.com
07 71 11 73 29 

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